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Accueil DVD Coffret LES GRANDES FICTIONS DE LA TELEVISION

LES GRANDES FICTIONS DE LA TELEVISION

Index de l'article
LES GRANDES FICTIONS DE LA TELEVISION
Cyrano de Bergerac
Dom Juan
La Mégère Apprivoisée
Le Golem
Les Joueurs
L'Espagnol
Délire à deux
Les Perses
L'Auto Rouge
Le Mariage de Figaro
La Terreur et la Vertu
Les Verts Pâturages
La Séparation
Toutes les pages

COFFRET DE 24 DVD

Edité par l'INA

Le 2 Novembre 2010

Nous avons tous, plus jeunes connu cet âge d'or, qui a fait notre culture télévisuelle.

Des films à voir et à revoir !

Les « Grandes fictions de la télévision » réunies dans un coffret prestige édité par l’Ina. Vingt-quatre chefs-d’oeuvre réunis dans un coffret de 24 DVD.

Collection dirigée par Marcel Bluwal.

Les aficionados de l’âge d’or de la télévision retrouveront une sélection de 24 « nouvelles dramatiques » dans ce coffret qui allie culture et divertissement populaire autour de grands réalisateurs et acteurs de la télévision des années 60 et 70.

Au travers de cette collection «

Les grandes fictions de la télévision », l’Ina fait découvrir et redonne une Coffret DVD en vente dès le 2 novembre 2010 dans tous les magasins spécialisés et sur boutique.ina.fr

Programmes également disponibles en VOD et DVOD sur ina.fr

Distributeur : Arcadès

Prix : 9,90€ l’unité et 99,90 € le coffret 24 DVD

A propos d’un âge d’or de la télévision...

Il y a eu, paraît-il, une “école des Buttes-Chaumont”, un “âge d’or de la télévision” de fiction, en somme un ensemble de réalisateurs oeuvrant tous dans la même direction pour le bonheur des téléspectateurs des années soixante, lesquels regardaient un écran où la publicité n’existait pas. En fait, c’est faux. Il s’agit d’une commodité de pensée, rien de plus. La vérité, je le sais – j’ai vécu tout le parcours de la télévision française depuis 1950 – c’est que s’étaient retrouvés dans cette télévision de service public, une dizaine de metteurs en scène de talent, tous refusés, à l’égal de la Nouvelle Vague, par le cinéma dit de “qualité France” de l’après-guerre, tous radicalement différents et soucieux, avant tout, de prouver l’originalité de leur réflexion.

Quant aux Buttes-Chaumont, elles ne nous réunissaient que parce que nous y avions nos bureaux. Mais enfin l’étiquette est restée et s’accroche. Moi, mon souvenir, c’est avant tout celui d’une bagarre permanente pour disposer des moyens suffisants à notre ambition.

Voici donc tout d’abord douze “dramatiques” en noir et blanc, réalisées entre 1960 et 1967

Douze films parmi tant d’autres, tant sont abondantes durant cette période les oeuvres d’une qualité indiscutable – pour ne pas employer à propos de certaines des épithètes plus gratifiantes.

Ce qui me frappe, moi, d’emblée, dans ce florilège de ce qu’on appelait à l’époque les “émissions dramatiques” de la télévision française, c’est l’étonnante diversité des formes et des styles, largement comparable à ce que le cinéma de plein exercice pouvait offrir à la même époque, et le souci permanent que nous avions de ne pas considérer avant tout le téléspectateur comme une source de profit mais comme un adulte capable d’entendre et d’apprendre. Le tout servi par une génération d’acteurs extraordinaires qui allaient quasiment tous devenir les “stars” du cinéma et du théâtre de la fin du XXe siècle : Piccoli, Brasseur, Marielle, Cassel, Galabru, Virlogeux, Rochefort, pour ne citer que quelques noms. Sans compter que je ne prends pas en compte ici les séries et les feuilletons, format original de la télévision s’il en est.

Le tout dans une liberté extraordinaire. Pas de personnage fédérateur destiné à la ménagère de moins de cinquante ans, mais un vrai souci de porter l’héritage culturel du monde à la connaissance du public le plus large possible. Nous étions, paraît-il, les “hussards noirs” de la télévision. Les gouvernants étaient à droite, les “téléastes” plutôt à gauche mais le souci commun était avant tout de ne pas rabaisser le public.

Viennent ensuite douze oeuvres réalisées entre les années 1967 et 1977, celles où, très vite, la couleur et le 625 lignes (au lieu du 819 du noir et blanc) enterrent définitivement la vieille télévision. Années, surtout, où la publicité redéfinit complètement le sens de la télévision publique telle qu’elle avait été installée au lendemain de la Libération, prenant une importance capitale, par les capitaux et le talent investis et devenant souvent le point haut de la soirée du spectateur, surtout pour les enfants. Mais la société est en train d’adopter la consommation comme horizon absolu et il faut suivre. 1968 entraînera bien une réaction, parfois traduite dans les magazines d’information, mais la fiction, elle, va essayer de creuser le “sillon d’avant”, au moins dans ses oeuvres marquantes.

Ces douze téléfilms (le terme commence à se répandre) sont la preuve de cette résistance. Dans le grand début de l’uniformisation des programmes qui finira par aboutir à la télévision d’aujourd’hui, des pics d’originalité s’affirment et persistent envers et contre tout. N’oublions pas, par ailleurs, que c’est aussi l’époque – mais le sujet n’est pas abordé ici – des séries historiques à grand spectacle et en costumes, qui ont un énorme succès. De là, a contrario, l’exacerbation de la volonté d’originalité dans nos téléfilms. Dès la réforme de 1974, qui met fin au monopole, et l’installation de la première chaîne privée, on voit naître l’obligation de satisfaire la ménagère de moins de cinquante ans à travers un personnage fédérateur. Ici, nous avons absolument le contraire. Et le succès suit quand même, parfois très grand.

Donc, voici que se referme le supposé “âge d’or” de la télévision. Cette période aura été exceptionnelle, elle aura constitué une “niche” de liberté d’expression unique pour l’époque. C’était un temps où les réalisateurs, anciens ou nouveaux, pouvaient respirer, même parfois mieux qu’au cinématographe de plein exercice, un air plus libre s’ils en avaient l’ambition. Puis l’asphyxie s’est installée et c’est elle qui règne actuellement sur la fiction française de télévision.

Il était vraiment tout à fait temps de remettre ce répertoire – largement sorti de la mémoire – à la disposition des lecteurs de DVD du XXIe siècle. Dommage que cet hommage soit pour l’instant posthume. Mais les choses peuvent changer, pourquoi pas ? L’histoire de la Télévision de Service Public n’est pas terminée.

Enfin, place aux oeuvres, et bons films ! Marcel Bluwal


CYRANO DE BERGERAC Réalisé par Claude Barma d’après Edmond Rostand – 1960 – 2h40 - Image : Jacques Lemare – Son : Jean Legg / Charles Rabeuf – Montage : Lucien Guiez – Musique : Jean Marion – Décors : Paul Pelisson - Avec : Daniel Sorano, Françoise Christophe, Michel Le Royer

Amoureux de Roxane, qui est elle-même éprise du jeune cadet de Gascogne, Christian de Neuvilette, Cyrano dicte au jeune homme ses mots d’amour. Mais le Comte de Guiche, rival malheureux, se venge en envoyant Christian et Cyrano au siège d’Arras. Durant l’assaut, Christian est tué. Roxane se retire au couvent. Quinze ans plus tard, Cyrano lui révèle la vérité mais il meurt, laissant la jeune femme plongée dans la souffrance un amour deux fois perdu.

Ce film est le témoin exact du moment où la caméra de cinéma est venue concurrencer la caméra de direct sur les plateaux de télévision. Etant donné le volume et la complexité de l’oeuvre de Rostand, certains actes de la pièce sont tournés sur film et enchaînent avec d'autres qui eux, sont diffusés en direct. Cette technique s'éteindra dès l'année suivante où le film, essentiellement le 16mm inversible, supplantera définitivement le direct dans les fictions. La liberté de style de Claude Barma, sa liberté dans la distribution (donner un rôle aux acteurs comme il le souhaitait), sont totales, chose quasiment impensable dans ce début de XXI siècle. Cela a permis à Barma de faire incarner Cyrano par Daniel Sorano acteur de théâtre alors quasi inconnu sur les écrans... Création restée inoubliable. Pour Daniel Sorano, Cyrano de Bergerac aura certainement été le rôle de vie, à tel point qu’il été appelé « Sorano de Bergerac »… Marcel Bluwal

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DOM JUAN Réalisé par Marcel Bluwal d’après Molière – 1965 – 1h45 - Image : André Bac – Son : Maurice Teboul – Montage : Jean-Claude Huguet - Musique : Mozart - Avec : Michel Piccoli, Claude Brasseur, Anouk Ferjac, Dominique Rozan

Dom Juan, jeune noble, accompagné de son fidèle valet Sganarelle, accumule les conquêtes amoureuses, séduisant les jeunes filles nobles et les servantes avec le même succès. Seule la conquête l'intéresse et les jeunes femmes sont abandonnées dès qu'elles sont séduites, même après un mariage. Mais l'une d'entre elles, Done Elvire, va lui donner bien du fil à retordre.

Etonnante époque. Lorsque je suis allé voir Ollivier, patron de la télévision à ce moment là, pour lui expliquer ce que je voulais faire du "Dom Juan" de Molière, c'est à dire une version critique comme au théâtre, intemporelle mais tournée en 35mm dans des décors réels vidés de leur substance historique et faisant de l'action une quadruple insurrection individualiste contre le "père" sous les formes de Dieu, du Roi, du vrai Père et bien entendu du Commandeur, le tout avec exactement les moyens d'un film de cinéma, il m'a dit : "Je ne sais pas si tout ça est dans Molière mais vous avez le droit de le faire." Ce qui a donné les interprétations, restées je crois dans les mémoires, de Piccoli et de Brasseur. Marcel Bluwal

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LA MEGERE APPRIVOISEE Réalisé par Pierre Badel d’après William Shakespeare adapté par Albert Vidalie – 1964 - Image : René Mathelin – Son : Jean-Claude Dumoulin –Montage : Jean-Raymond Cuguillère – Musique : Jacques datin – Décors : Jean-Baptiste Hugues Avec : Bernard Noêl, Rosy Varte, Caroline Cellier, Christian Marin

Gemio et Hortensio font la cour à Bianca, fille cadette de Baptista, riche seigneur de Padoue. Mais celui-ci a décidé qu’elle ne se marierait que lorsque sa fille aînée, Catharina, aurait trouvé un mari en dépit de son mauvais caractère. Les prétendants de Bianca se concertent afin de trouver un époux à la mégère. Leur choix se porte sur Petrucchio, homme de guerre rude et sans vergogne qui cherche fortune à tout prix.

Ce film a été diffusé pour les fêtes de noël 1964 dans une semaine d'émissions exceptionnelles produites sous la direction de Claude Santelli. La mise en scène de Pierre Badel, comme l'adaptation de Vidalie font preuve d'une fantaisie extrême dans les libertés prises avec la célèbre pièce de Shakespeare. Le cinéma des salles n'osera jamais aller aussi loin dans ses différentes tentatives pour rendre compte de la "Mègère". Et ici, c'est extrêmement réussi. Le couple Rosy Varte-Bernard Noël est exceptionnel de talent et de vitalité. Marcel Bluwal


LE GOLEM Réalisé par Jean Kerchbron d’après Gustav Meyrink – 1967 – 1h52 - Image : Albert Shimel – Montage : Guy Fourmond – Son : Willy Vinck – Mixage : Paul Bonnefond – Décors: Jean Gourmelin - Musique : Jean Wiener - Avec : André Reybaz, Magali Noel, François Vibert, Françoise Winskill

Un homme se trompe de chapeau au cours d’un service religieux. En rêve, il va revivre la vie du propriétaire de ce chapeau : Athanase Pernath est tailleur de gemme dans le ghetto de Prague. Malgré lui, l’homme va être mêlé à la vie de ses voisins. Les histoires de famille, d’escroqueries, de jalousies et de vengeances vont conduire Pernath en prison, alors que plane sur la ville la menace du Golem, ce monstre créé par un rabbin et qui se réveille tous les trente-trois ans.

"Le Golem" est l'exemple extrêmement rare en France, télévision et cinéma confondus, d'une volonté expressionniste poussée jusqu'à l'extrême et radicalement réussie. Ici aussi la liberté d'adaptation et de réalisation du metteur en scène a été totale. Et il a été suivi jusqu'au bout par la télévision de l'époque, y compris pour l'horaire de diffusion. En effet, à la télé nationale de ces années-là, 20H30 était l'heure normale de passage des "dramatiques" aussi difficiles fussent-elles. Jusque-là, Jean Kerchbron, un des plus "anciens" de la RTF puis de l'ORTF, avait touché à tous les domaines, très souvent avec succès – depuis ses interprétations de pièces classiques jusqu’à des films d’espionnage. Ici, d’un coup, il explose dans ce qui est pratiquement du cinéma fantastique. « Le Golem » est un des derniers exemples de film tourné en noir et blanc. A partir de la création de la 2e chaine couleur, la même année, le noir et blanc va très rapidement disparaître. Marcel Bluwal


LES JOUEURS Réalisé par Marcel Bluwal d’après Nicolas Gogol – 1960 – 1h25 - Image : Roger Arrignon – Son : Claude Leduc – Décors : Jacques Lys - Avec : Alfred Adam, Jean-Pierre Marielle, Michel Piccoli, Claude Rich

Ikhariev, joueur et tricheur professionnel, vient de gagner quatre-vingts mille roubles. En compagnie de son fidèle serviteur, il s’arrête dans une auberge où il s’empresse de trouver de nouvelles victimes. Trois hommes se présentent, tricheurs eux aussi. Les quatre joueurs décident de s’unir et recherchent une nouvelle proie en la personne du jeune Glov.

C'est du direct. Du vrai. Ni magnétoscope, ni film. Diffusé vraiment à l'instant même où la pièce était représentée par les acteurs, exactement comme aujourd'hui on retransmet un match de football.Sauf que les acteurs et le metteur en scène répétaient durant un mois le texte et que les places des quatre caméras du studio étaient minutieusement codifiées pour faire "comme si" c'était du cinéma. Gogol est un auteur de génie et l'énoncé du nom des acteurs dispense de tout commentaire. Cette aventure du "direct" a duré dix ans de 1950 à 1960 et "Les Joueurs" sont le témoignage de la virtuosité à laquelle les équipes des Buttes-Chaumont étaient parvenues. L'émission était simplement reprise en kinescope au moment même de la diffusion et ne servait que de témoignage. Marcel Bluwal

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L’ESPAGNOL Réalisé par Jean Prat d’après Bernard Clavel– 1967 – 1h27 et 1h47 - Image : Roger Arrignon – Son : Charles Rabeuf – Montage : Monique Chalmandrier - Mixage : Paul Bonnefond - Décors : Georges Levy – Musique : José Berghmans - Avec : Jean-Claude Rolland, Dominique Davray, Roger Ibañez

1ère Partie – L’étranger dans la vigne : Au printemps 1939, deux républicains espagnols, Pablo et Enrique, arrivent à Château-Chalons, petit village du Jura. Les deux hommes sont engagés comme ouvriers agricoles chez des vignerons. Pablo est un homme brisé par la guerre. Depuis la perte de sa femme, il n’aspire qu’à une vie tranquille, loin de tous combats. Son compagnon de camp, Enrique, est très différent : pour lui, la lutte continue. Il quitte rapidement la ferme. Pablo s’attache à cette terre qui lui a redonné le goût de la vie - il met toute sa joie à la faire fructifier. Au milieu d’une guerre qui ne le concerne pas, il poursuit obstinément une oeuvre de paix.

2ème Partie – Les dernières vendanges : Depuis la mort du patron, l ’Espagnol s’occupe activement de la ferme. Il s’est attaché à cette terre, mais aussi à Jeannette, cette enfant sans défense qui lui a donné l’illusion d’un foyer. Il incite Germaine à acheter de nouvelles terres, seules valeurs sûres en cette période troublée. Mais la guerre continue : des maquis s’organisent. Un jour Enrique revient. Il veut emmener Pablo dans le maquis. Ce dernier hésite. Il veut oublier cette guerre qui lui a fait tant de mal. Mais il ne peut l’ignorer plus longtemps et repart se battre. Il attrape une grave maladie, est évacué vers un hôpital. À la fin de la guerre, quand il revient à la ferme, personne ne l’y attend...

Jean Prat est le grand exilé d'une télévision gagnée par la massification et la publicité. Il a fini par en mourir, suicidé. Pourtant il a signé l’oeuvre emblématique de la télévision de service public avec "les Perses" d’Eschyle en 1961. "Les Perses" sont un chef-d’oeuvre. A l'autre bout du spectre de l'image, "L'Espagnol". Tiré de l'histoire paysanne de Bernard Clavel qui conte le destin d'un réfugié de l'Espagne républicaine dans une ferme française en 1938 et 1939, le film, tourné toute une année en 35mm vaut largement un René Clément ou un Autant-Lara. C'est un des oublis les plus injustifiés de la mémoire-télévision. Il est ici réparé. Marcel Bluwal


DELIRE A DEUX Réalisé par Michel Mitrani d’après Eugène Ionesco – 1968 – 0h52 - Image : Marc Fossart – Son Jean-Claude Dumoulin – Montage : Pierre Ramecourt - Avec : Michel Piccoli, Suzanne Flon, Jean Lescot, Michel Robin

Alors que la guerre fait rage au dehors, un couple vieillissant et négligé (Michel Piccoli et Suzanne Flon) se livre à une dispute absurde et sans fin dans un petit appartement qui tombe en morceaux sous les bombardements.

Mitrani c'est, pour moi, à part l'ami, une ligne tracée dont il n'aura jamais dévié : maintenir à tout prix le contact entre le monde littéraire contemporain français et celui de la télévision publique. Son souvenir est lié à Sartre (Huis-Clos), Beckett (Tout ceux qui tombent), et plus tard Julien Gracq (Un balcon en forêt). Ici, il s'agit de Délire à deux d'Eugène Ionesco, morceau d'avant-garde à tous égards, dont il déjouera les pièges de façon magistrale. Il y est aidé par deux acteurs magnifiques et au sommet de leur forme, Suzanne Flon et Michel Piccoli. Et il ne s'agit pas là de deux comédiens en début de carrière, non, les deux sont déjà au zénith de la célébrité. Ils auraient pu rester timides en face de cette oeuvre difficile, surtout à la télévision, cette bâtarde déjà considérée à l'époque par les « gens biens » comme un divertissement d'ilotes. Pas question : ils s'en donnent à coeur joie. Marcel Bluwal

Complément : Ionesco à Zurick : à quoi joue Ionesco ? Réalisé par Michel Mitrani – 1969 – 0h48 - Image : Henri Sicard - Son : Jean Millet - Montage : Françoise Hubert - Mixage : Gérard Bockenmeyer

Persuadé qu'une interview classique ne peut être qu'une contrevérité, Ionesco préfère improviser entre deux lectures, gags, grandes tirades et autres petites scènes devant la caméra complice de Mitrani.


LES PERSES Réalisé par Jean Prat d’après Eschyle – 1961 – 1h08 - Image : Jacques Lemar – Son : Armand Blouin – Montage : Marc Pavaux – Musique : Jean Prodromides – Masques : Cyrille Dives - Avec : François Chaumette, Maurice Garrel, Charles Denner, Maria Meriko

En 472 avant J-C, un messager vient au palais du roi de Perse annoncer à la vieille Reine et au choeur des Fidèles la déroute des Perses face à Athènes, à Salamine. L’évènement est interprété comme un châtiment divin. Face à cette tragédie, la reine évoque le fantôme de son mari Darios pour qu'il éclaire les siens.

« Plus de spectateurs en une soirée à la Télévision Française qu'en deux millénaires de représentations théâtrales. » La critique et le public furent unanimes ! Les Perses, première manifestation en 1961 avec Le mariage de Figaro de la nouvelle politique d'Albert Ollivier, patron de la RTF, politique de fictions tournées en pellicule après l'aventure du direct, était et reste un chef-d’oeuvre. Le décor, inspiré du véritable palais de Xerxès, les masques, donnant aux personnages un caractère irréel et les costumes inspirés de l'antique, le rythme de l'image sur la superbe musique de Prodromidès, le hiératisme des comédiens, font des Perses un objet cinématographique unique, affirmant l'originalité de la télévision en face du cinéma des salles. Marcel Bluwal


L’AUTO ROUGE Réalisé par Jacques Krier – 1964 – 1h06 - Image : Jean Graglia – Son : Jacques Merrien – Montage : Andrée Lemaire - Avec : Paul Crauchet, Anne-Marie Bacquié, Micheline Muc

Paul (Paul Crauchet) travaille sans relâche jour et nuit pour s’offrir la grande auto rouge dont il rêve depuis longtemps. Mais les sacrifices à faire pour l’obtenir et les conséquences de cette obsession seront lourds pour Paul, sa femme (Anne-Marie Bacquié) et sa fille (Micheline Muc).

L'auto rouge est un des témoins les plus aboutis, en fiction, de la recherche de Jacques Krier, recherche capitale mais au début aussi discrète que l'homme pouvait l'être. Jacques venait du documentaire de télévision où il avait laissé des traces éclatantes aussi bien à « Cinq colonnes à la une » que dans « Les femmes… aussi », Les matinales en sont un exemple resté célèbre. Homme de gauche, il voulait exprimer et laisser s'exprimer à l'image tous ceux qui n'avaient jamais eu leur place ni au cinéma ni à la télévision : la classe ouvrière, les immigrés, les pauvres. Exprimer aussi en tant qu'auteur complet du scénario, des dialogues et de la réalisation l'univers poétique qui était le sien et dont Paul Crauchet est ici porteur. Il était le premier mais ne devait pas rester le seul, créant à la télévision de service public tout un courant de fiction sociale qui devait rapidement s'épanouir mais que le cinéma de plein exercice ne devait faire vraiment exister pour sa part que quarante ans plus tard comme en témoignent par exemple les palmes d’or attribuées ces dernières années à Cannes (Entre les murs, 4 mois, 3 semaines, L’enfant…) Marcel Bluwal

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LE MARIAGE DE FIGARO ou LA FOLLE JOURNEE Réalisé par Marcel Bluwal d’après Beaumarchais – 1961 – 2h32 - Directeur de la photo : Roger Arrignon – Son : André Lerissel – Mixage : Paul Bonnefond - Montage : Jean-Claude Huguet – décors : Jacques Lys – Musique : André-Ernest-Modeste Grety - Avec : Jean-Pierre Cassel, Jean Rochefort, Marie-José Nat, Anne Doat, Anouk Ferjac, Michel Galabru

Figaro (Jean-Pierre Cassel) s’apprête à célébrer son mariage avec Suzanne (Anne Doat), première camériste de la comtesse (Anouk Ferjac). Mais le comte Almaviva (Jean Rochefort), qui a jeté son dévolu sur Suzanne, a bien l’intention de la séduire avant son mariage. Figaro, Suzanne et la comtesse réunissent leurs efforts pour faire échouer le maître dans son dessein.

Tourné exactement en même temps que Les Perses en 1961, Le mariage de Figaro en est l'exacte contradiction. Jeunesse, rapidité et liberté de la caméra des acteurs et du ton dans un absolu respect du texte, tout tranchait, en face de la représentation de l’oeuvre à la Comédie Française du temps. Pour moi, cinquante ans plus tard, le Mariage est un témoignage sur une télévision de fiction ivre de mouvement, enfin libérée des contraintes du direct et du studio. Quant à la distribution, Jean-Pierre Cassel, Jean Rochefort, Marie-José Nat, Anne Doat, Anouk Ferjac, Michel Galabru, Henri Virlogeux ! Et aucun des acteurs n'avait 40 ans ! Marcel Bluwal

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LA TERREUR ET LA VERTU Réalisé par Stellio Lorenzi – 1964 – 1ère Partie 1h58 – 2ème Partie 1h46 - Image : Roger Dormoy, Marcel Weiss – Son : Claude Leduc – Costumes : Monique Duman – Décors : Jacques Chalvet - Avec : Jean Négronit, Jacques ferrière, Roger crouzet, Denis Manuel, François Maistre, Claude Debord, William Sabatier

Issu de l’émission « La caméra explore le temps » créée en 1957 par Stellio Lorenzi, André Castelot et Alain decaux.

1re partie : Danton 1h58 : Alors qu’en mars 1793 la Révolution française se durcit, Danton (Jacques Ferrière), chef de file des « Indulgents », reste partisan d’une politique d’apaisement. De novembre 1793 à avril 1794, Robespierre (Jean Négroni), soucieux de renforcer le pouvoir de la Révolution, envoie successivement à la guillotine un grand nombre de membres de la Convention. Danton n’y échappera pas.

2e partie : Robespierre 1h46 : D'avril à juillet 1794, Robespierre forme un triumvirat avec Saint-Just et Couthon. Il tente d'instaurer son idéal, fondé sur la vertu, et en temps de crise révolutionnaire, sur la Terreur. En mai, il institue le culte de l'Être Suprême. Mais ses nombreux ennemis lui reprochent d'établir une dictature pour son propre compte et, le 27 juillet 1794, Robespierre est arrêté avec Saint-Just et Couthon.

Si, pour une fois, la notion d'école des Buttes-Chaumont pouvait s'appliquer ce serait à cette version - en direct, nous dirions aujourd'hui en « live » - de la confrontation Danton / Robespierre voulue par Stellio Lorenzi dans la célèbre série « La caméra explore le temps » dont il partagea la paternité avec André Castelot et Alain Decaux. Lorenzi, dans la mémoire collective de la télévision, c'est l'apothéose du direct de plateau, aventure menée de sa part dans la plus grande rigueur technique et artistique et le plus grand succès. Et lorsqu’en 1965, le gouvernement gaulliste voudra marquer son emprise de patron sur les programmes, c'est l'émission de Lorenzi, communiste, émission phare des années 1960, qu'il supprimera d'un trait de plume, créant un scandale dont on imagine mal à présent l'impact. Marcel Bluwal

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LES VERTS PATURAGES Réalisé par Jean-Christophe Averty d’après Marc Connelly – 1964 – 1h48 - Directeur de la photo : Max Debrenne – Son : Claude Chapponnais –Montage : Georges Ferraro – décors : Jean-Jacques Faury – Musique : Jean-Claude Pelletier – Negro spirituals interprétés par : John Littleton - Avec : Robert Liensol, Robert Drumeaux, Antoine Nisas, Catherine Légitimus, Willy Demonio, Gérard Légitimus

La Genèse racontée aux enfants d’une école de Louisiane. D’Adam et Ève (Patricia Granger) à l’arrivée des Hébreux en Terre promise conduits par Moïse (Ibrahim Seck) en passant par l’arche de Noé (Théo Légitimus), tout l’Ancien Testament est ici revisité par le pasteur Deshee (Robert Liensol), dans cette leçon de catéchisme, non dénuée d’humour.

Le scandale des scandales. Averty, pour les fêtes de fin d'année de 1964 enfonce le clou planté avec son émission de variétés « les raisins verts ». Défiant, par son utilisation totalement inédite au plan mondial du trucage électronique, tous les tabous du récit cinématographique, mêlant scènes de comédie réécrites par Claude Santelli et jouées par des acteurs noirs à des chorégraphies modernes et géométriques réglées par Dirk Sanders sur les rythmes de jazz et de gospel qu'il affectionne, il raconte à sa manière unique les origines du monde vues de façon faussement naïve par les Noirs de Louisiane. Le sujet avait déjà été traité à Hollywood avant 1939 mais l’oeuvre d'Averty laisse, et avec quelle maestria, la précédente sur place. Marcel Bluwal

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LA SEPARATION Écrit et réalisé par Maurice Cazeneuve – 1968 – 1h28 - Image : André Villard – Montage : Jean-Raymond Cuguillère, Claude Boissonnade – Son : Aimé Maillol – Mixage : Robert Hamard – Musique : MozartAvec : Charles Vanel, Paul Bonifas, Catherine Coste, Simone Roche, Lise Norpel

Louis Vigné, vieux monsieur, modeste fonctionnaire à la retraite, achève paisiblement une vie sans histoires auprès de sa femme. Lorsque celle-ci meurt, il se retrouve seul, seul avec les autres, seul avec les objets, seul avec lui-même. En quelques jours, il va mesurer l'étendue du bonheur qu'il a vécu et ne trouvera la paix que dans le petit cimetière où sa femme est enterrée.

 

LA DOUBLE INCONSTANCE

Réalisé par Marcel Bluwal d’après Marivaux – 1968 – 1h55

Image : André Bac – Son : Maurice Teboul – Mixage : Claude Gilson – Montage : Jean-Claude

Huguet – Costumes : Anne-Marie Marchand

Avec : Claude Brasseur, Jean-Pierre Cassel, Danièle Lebrun, Judith Magre,

Evelyne Dandry, Jean Obé, Pierre Vernier

Le prince est épris d'une jeune paysanne, Silvia, et la fait enlever et conduire dans

son château. Il voudrait l'épouser mais elle aime Arlequin. Il fait alors venir celui-ci à

la cour pour le rendre infidèle et ruiner l'amour que lui voue Silvia. Flaminia, la

confidente du prince, gagne la confiance des deux amoureux captifs afin de mieux

séduire Arlequin. Peu à peu il s'attache à elle pendant que Silvia commence à

éprouver un penchant pour un jeune officier qui se révèlera bien sûr être le prince…

La double inconstance, c’est l’arrivée de la deuxième chaîne couleur, toute neuve et, conséquence imprévue,

du 35mm dans la fiction, car l’absence de négatif 16mm correct dans les années 65-70 rendait le 35 obligatoire

pour les émissions dites « de prestige ». J’en ai profité pour poursuivre ma recherche sur la théâtralité à la

télévision : après Molière, Marivaux et la violence des rapports, tant amoureux que politiques sous l’écriture

policée du XVIII
e siècle. Cette violence que j’avais voulue, dans des couleurs volontairement très dures, aussi

grande que celle du chasseur au couteau, pourchassant, au cinéma, le jeune couple de naufragés des Chassesdu comte Zaroff

dans le film de Schoedsack.

Ce dont je me rends compte à présent, c’est de la merveilleuse rencontre entre ce texte et des acteurs

prodigieux : Cassel, Magre, Lebrun, Brasseur. Mais, à l’époque, cette conjonction était normale, quasi banale.

Marcel Bluwal

VU - L'avis de Ciné-Zoom : Zooms - Par Gérard Chargé ( bientôt en ligne)

Maurice Cazeneuve, le fondateur des fondateurs de la télé a tout été : auteur littéraire, créateur de formes

dramatiques (le « direct » avec Barma), metteur en scène de très nombreux films et séries généralement

inspirés du patrimoine et promis au succès, et même patron de chaîne. Et puis, sur le tard, un jour, il décide en

plein essor de la télé-couleur, d’être un autre. Lui qui a toujours été à la mode, il obtient de tourner en 35mm

et en noir et blanc – ce qui à l’époque est complètement incongru – et quasi avec un seul acteur, Charles Vanel

admirable, à l’extrémité de son âge et de sa carrière, la non-histoire d’un vieillard de petite province qui perd

sa femme. Un film absolument personnel, à l’encontre de tous les canons, très lent et très simple. Un pur chefd’oeuvre.

Imprévisible. Un des honneurs de la Télévision Française.

Marcel Bluwal

DE LA BELLE OUVRAGE

Écrit et réalisé par Maurice Failevic – 1970 – 1h19

Directeur de la photo : Charlie Gaeta – Son : Jacques Merrien – Mixage : Claude Gilson –

Montage : Claude Fréchède – Costumes : Marie-Antoinette Dinety

Avec : Jacques Serres, Nicole Vassel, Pierre Maguelon, Dominique Labourier,

René Berthier, Guy Moigne

Pierre est fraiseur P3, ouvrier professionnel 3e catégorie, dans une grande usine de la

région parisienne. À la suite de l’acquisition par l’usine d’une nouvelle machine

industrielle, il voit sa vie bouleversée. Tout ce qui jusqu'ici donnait un sens à son

existence, la conscience professionnelle, la nécessité d'un engagement syndical et

politique, est remis en cause. Ce film est le récit de ses luttes et interrogations

quotidiennes.

VIPERE AU POING

Réalisé par Pierre Cardinal d’après Hervé Bazin – 1971 – 1h22

Adaptation : Jean-Louis Bory – Son : Maro Vinck – Mixage : Daniel Léonard – Directeur de la photo : Georges Leclerc – Montage : Guy Fitoussi – Costumes : Yvonne Sassinot – Décors : Janine

Barthe

Avec : Alice Sapritch, Marcel Cuvelier, Dominique de Keuchel, Benjamin Boda,

Eric Frisdal, Germaine Delbat

Durant l'été 1922, Jean et Ferdinand sont élevés par leur grand-mère paternelle dans le

château familial de la Belle-Angerie, à quelques kilomètres d'Angers. Le décès de leur

grand-mère oblige leurs parents, Jacques et Paule, à quitter la Chine où le père est

cadre dans une université chinoise, pour revenir s’occuper de leurs enfants.

Rapidement, la mère se montre autoritaire et tyrannique. Les trois frères se mettent à

détester celle qu’ils surnomment « Folcoche ».

Failevic et De la belle ouvrage, c’est l’héritage direct de Krier et de L’auto rouge, Krier dont Failevic avait été

l’assistant. Mais le style de Failevic n’appartient qu’à lui. Moins lyrique, plus violent et sans doute plus

douloureux sous l’objectivité apparente. La confrontation « bourgeoisie-classe ouvrière », représentée par

Dominique Labourier et Jacques Serres, est frontale et subtile. La télévision d’alors juge encore de sa mission

de laisser passer et le succès est immédiatement au rendez-vous. Rarement le devoir d’objectivité du Service

Public aura été autant respecté. Et il faut dire que le jeu des personnages laisse déjà pressentir le remarquable

directeur d’acteurs qu’est Failevic. Encore une fois, ici, la télévision avait 30 ans d’avance sur le cinéma, fût-il

« Nouvelle Vague ».

Marcel Bluwal

VU - L'avis de Ciné-Zoom : 3 Zooms - Par Gérard Chargé ( bientôt en ligne)

Pierre Cardinal est un des fondateurs de la Télévision de Service Public. Quasi un aîné. Jusqu’alors, il avait

surtout été à la recherche de formes dramatiques spécifiquement télévisuelles et radicalement incompatibles

avec celles du cinéma.
Vipère au poing marque, au bout de cette recherche, un retour réussi à la dramaturgie

traditionnelle du long-métrage, mais portée à un haut point d’incandescence par la présence d’Alice Sapritch,

inoubliable dans le personnage de « Folcoche ». C’est une révélation et le succès suit aussitôt.

Marcel Bluwal

HPW OU ANATOMIE D’UN FAUSSAIRE

Réalisé par Alain Boudet et coécrit avec Christian-Daniel Watton – 1971 – 1h24

Son : Maurice Teboul – Mixage : J.P. Quiquempois – Image : Georges Leclerc – Montage : Michel

Latouche – Costumes : Christiane Coste – Décors : François Comtet – Musique : Dino Castro

Avec : Vania Vilers (Hugo-Paul de Weydroos), Jean-Baptiste Chardin (Hans

Pauli Weyergans), Catherine Jacobsen (Lorraine), Nita Klein (Cécile), Eric

Baugin (L'enfant rouge), Jacqueline Dane (La mère), Marc Fayolle (L'avocat°)

Hugo-Paul de Weydroos, faussaire qui réussit à mystifier les experts les plus

renommés, est un garçon séduisant, non sans talent mais paranoïaque et

mégalomane. Il vit une enfance, dans le Paris des années 20, bouleversée par son

amour du dessin et de la peinture contrarié par une mère abusive. Livré à ses propres

fantasmes, le héros se livre à l'introspection la plus déréglée et finira par se consumer

lui-même pour devenir la réincarnation de celui qu'il s'efforce de copier : Hans Pauli

Weyergans, célèbre peintre du XVIIIe siècle.

VU - L'avis de Ciné-Zoom : 2 Zooms - Par Gérard Chargé ( bientôt en ligne)

UBU ENCHAINE

Réalisé par Jean-Christophe Averty d’après Alfred Jarry – 1971 – 1h30

Son : Georges Lazare – Directeur de la photo : Claude Gallaud – Montage : Christiane Coutel – Décors :

Raymond Nègre – Effets spéciaux : Max Debrenne – Musique : Jean-Claude Pelletier

Avec : Benoît Allemane (Père Ubu), Nicole Croisille (Mère Ubu), Sophie Cnudde

(Eleuthère), Angelo Bardi (Pissedoux), Michel Robin (Pissembock), Guy Pierauld

(Lord Catoblepas, l'avocat général)

Père Ubu, roi grotesque et symbole de la tyrannie du pouvoir dans Ubu-roi, se décide ici à

devenir esclave pour acquérir une véritable puissance. Alfred Jarry prend le contre-pied de sa

première pièce tout en poursuivant le ton de la satire féroce et joyeuse.

VU - L'avis de Ciné-Zoom :  Zooms - Par Gérard Chargé ( bientôt en ligne)

Compléments :

- L’avant-soirée d’Ubu enchaîné- de Jean-Christophe Averty – Diffusée le 2 octobre 1971 – 28 min.

- La chanson du décervelage - Extrait de l’émission Les raisins verts n° 2 de Jean-Christophe Averty,

diffusée le 9 novembre 1963 – 4 min.

Ubu enchaîné ou l’accomplissement de la trouvaille unique d’Averty et de ce qui en fait une personnalité

artistique de niveau mondial : le trucage électronique mis au service de l’Art, trucage électronique, bien sûr,

désormais daté (mais la peinture à l’huile ne l’est-elle pas ?) asservi à un système pictural toujours en

mouvement, toujours géométrique et décoratif hérité des Avant-Gardes du XX
e siècle, le tout combiné à

l’anarchisme fondamental et au sens de la dérision du personnage. L’un n’hésitant pas dans le même plan à

contredire l’autre. Ses sources naturelles sont Alfred Jarry et le Surréalisme dont les mots portés par une

troupe d’acteurs pour qui l’excès est la nature première de « jeu », se combinent avec la violence et les

rythmes extrêmement calculés de l’image. Quelles que soient les avancées techniques actuelles, l’oeuvre

d’Averty restera majeure. Il n’est pas seulement l’inventeur mais il exècre le naturalisme du trucage

« réaliste » qui a, depuis, envahi les écrans. Averty reste atypique.

Marcel Bluwal

Boudet, je l’ai connu dès ses débuts, assistant et pareil à lui-même : cocasse, irrévérencieux, inclassable. Puis

ses premières dramatiques, en direct, se coulent dans le moule « santellien » du Théâtre de la Jeunesse. Puis,

petit à petit, dès les débuts du film de fiction à la télévision, son humour devient ravageur.
Anatomie d’unfaussaire où il collabore avec Watton, scénariste inspiré, et où il donne à Vania Vilers de loin son meilleur rôle,

en est l’accomplissement. Et ça ne concerne pas que le texte : la forme, elle-même, explose, le découpage

n’arrêtant pas de faire des pieds de nez aux habitudes bien ancrées du déroulement filmique traditionnel. Il

faut suivre, mais quel plaisir !

Marcel Bluwal

LA TUILE A LOUPS

Réalisé par Jacques Ertaud d’après Jean-Marc Soyez – 1972 – 1h32

Adaptation : Henry Grangé – Image : Charlie Gaëta – Montage : Catherine Delmas, Michèle Dalbin –

Son : Michel Lamy – Mixage : Gérard Bockenmeyer - Costumes : Lisèle Roos – Décors : Bernard

Pagnier

Avec : Paul Le Person (Alix Ravanelle), Pierre Guéant (Tirette), Gérard Darrieu

(Justin Belard), Claude Beauthéac (Dédé), Marie-Hélène Dasté (La Thibaude),

Fréderic Witta (Philippe)

Dans un petit village paisible du Massif central bloqué par la neige, on recommence à

parler de la légende de la tuile aux loups qui, lorsqu’elle chantait autrefois, annonçait

les grands froids et l’arrivée de loups affamés dans le village. Or, cette nuit, la tuile

s’est remise à chanter et a fait renaître la peur ancestrale des loups et des sorciers.

LE SAGOUIN

Réalisé par Serge Moati d’après François Mauriac – 1972 – 1h25

Adaptation : Françoise Verny et Serge Moati – Son : Pierre Watine – Mixage : René Renault –

Image : André Lecoeuvre – Montage : Marie-Chantal Koskas – Costumes : Pierre Cadot – Décors :

Jean Thomen

Avec : Gilles Laurent (le Sagouin), Malka Ribowska (la mère), Michel Vitold,

(l'instituteur), Marie-Christine Barrault (la femme de l’instituteur), Henri Virlojeux

(le père).

Dans les années 30, dans un village de la Gironde, Guillou, un jeune garçon surnommé

le Sagouin, malheureux et en manque d'affection, mène une vie d'angoisse et de

tristesse dans un château sinistre. Il exaspère sa mère qui ne voit en lui que le reflet

détesté d'un mari qu'elle n'a épousé que pour devenir baronne. Grâce à l'instituteur du

village, Guillou entrevoit un instant l'existence d'un autre monde, de douceur et de

tendresse.

Avec Moati, une nouvelle génération de réalisateurs apparaît, bien sûr toujours éprise de cinéma, mais

essentiellement formée (à travers Santelli comme patron) à la télévision. Et cela laisse espérer

l’épanouissement d’un florilège de réalisateurs de même niveau. Malheureusement, les différentes censures

désormais à l’oeuvre, tant politiques qu’économiques (les deux parfaitement dosées) vont assassiner cet

épanouissement. Moati va – avec deux ou trois autres – savoir résister.
Le Sagouin est marqué d’une vibration

personnelle intense allant jusqu’au bord du mélodrame. Une bonne « télé », d’habitude, c’est une bonne

histoire et de bons acteurs, le tout « moyen ». Ici, tout va beaucoup plus loin et vibre extrêmement fort. On ira

jusqu’aux larmes. Moati, dès ses 25 ans, abomine la froideur. Et c’est réussi.

Marcel Bluwal

VU - L'avis de Ciné-Zoom : Zooms - Par Gérard Chargé ( bientôt en ligne)

Ertaud ou l’humilité. Arrivant de ses succès en reportage et en documentaire et s’y sentant bloqué, il est

obsédé dès le début par la certitude qu’il saura traduire la réalité sociale en « fiction » au moins aussi bien que

les pontes de la transposition théâtrale. Il finit par y arriver et c’est d’emblée un ton nouveau qui se manifeste.

À sa manière à lui, discrète. Aussi près des « humbles » que Krier ou Failevic, mais à l’écart de leur

préoccupation politique, il reste complètement à l’abri des prétentions littéraires de l’adaptation telle que

pratiquée par Santelli ou moi, creusant un sillon nouveau promis au plus grand succès.
La tuile à loups est une

histoire remplie de neige et de danger, jouée par des gens parfaitement normaux pris dans une situation

exceptionnelle. Et le public de télévision s’y retrouve avec bonheur. Ertaud saura parfaitement poursuivre

jusqu’au bout son chemin dans cet univers.

Marcel Bluwal

MADAME BAPTISTE

Réalisé par Claude Santelli d’après Guy de Maupassant – 1974 – 1h31

Son : Claude Bittan – Mixage : N’Guyen Daϊ Hong – Image : André Lecoeuvre –

Montage : Jacqueline Aubery – Costumes : Yvonne Sassinot – Décors : Jean-Marie Thomen –

Musique : Schubert

Avec : Isabelle Huppert (Blanche Fontanel), Francine Bergé (la mère),

Roger Van Hool (Raoul Auburtin), Jean-Marc Bory (le père), Christian

Bouillette (Baptiste)

Blanche, violée dans sa jeunesse par un domestique, un vacher prénommé

Baptiste, fut enfermée par sa famille, tentant d’étouffer le scandale entre les

murs de son manoir et de ses conventions sociales. Un jour, Blanche, que tout le

pays surnomme « Madame Baptiste », tente de se suicider. Un homme la sauve, et

la demande en mariage bravant l’opinion publique. La vie semble désormais

heureuse pour Blanche, mais un jour, au comice agricole, l'insulte repart :

« Madame Baptiste »…

LES MISERABLES

Réalisé par Marcel Bluwal d’après Victor Hugo – 1972

Directeur de la photo : André Bac – Son : Charles Rabeuf – Mixage : N’Guyen Daϊ Hong – Montage :

Jean-Claude Huguet – Décors : Jacques Lys – Musique : Verdi

Avec : Georges Géret (Jean Valjean), Bernard Fresson (Javert), Alain Mottet

(Thénardier), François Marthouret (Marius), Gilles Maidon (Gavroche), Nicole Jamet

(Cosette), Micha Bayard (La Thénardier)

1re partie : La masure Gorbeau – 1h58

Jean Valjean, forçat reconverti, Cosette ou encore les terribles Thénardier sont des

personnages du roman de Victor Hugo dont le nom nous est familier. Dans cette adaptation

à l’écriture serrée, nous plongeons avec délice dans l’une des plus belles pages de la

littérature française.

2e partie : L’épopée rue Saint Denis – 1h57

Dans cet opus, nous voilà au coeur des barricades de l’insurrection républicaine de juin

1832. On y retrouve bien sûr Marius, Javert ou Gavroche dont les vies se trouvent

inextricablement liées à l’histoire de Paris.

La rencontre, entre Santelli, Maupassant et le film. La rencontre espérée par Santelli depuis des années de

scénariste et d’auteur littéraire. Et rencontre d’emblée réussie. À travers le célèbre « Théâtre de la

Jeunesse », Santelli a depuis des années peaufiné à la fois le respect des textes et leur « traduction-trahison »

par l’image. Ici, Maupassant reste absolument debout dans tout son naturalisme et sa cruauté. Les acteurs sont

idéalement dirigés par un homme définitivement passé du côté de l’image.

S’y exprime spécialement une petite « nouvelle » comédienne, Isabelle Huppert. Santelli était un inlassable

découvreur de talents.

Marcel Bluwal

Reconstituer le « scandale » qu’avait, sous Napoléon III, constitué la parution des Misérables, tel est le but que

je me suis proposé après l’épisode de Mai 68. Pour tous, ce chef-d’oeuvre est l’histoire de l’itinéraire spirituel

de Valjean et de son rapport avec Cosette. Pour moi, c’était avant tout l’apparition dans l’Histoire, des vrais

« Misérables » du XIX
e siècle, les pauvres et de leur révolte, aboutissant à la barricade avortée des étudiants de

l’ABC. D’où la subversion radicale de la chronologie du roman où tout ce qui précède 1832, soit l’histoire de

Valjean lui-même, se retrouve résumée en un long « flashback ». La télévision m’ayant alors suivi à fond pour

une des dernières fois, ce fut à la fois un très grand succès public et un bien
beau tollé dans la presse de droite.

J’avais donc réussi mon coup. Grâce à une équipe technique en acier, et contrairement à la tradition

cinématographique, sans vedette internationale pour jouer Valjean. Mais quels acteurs !

Marcel Bluwal

VU - L'avis de Ciné-Zoom :  Zooms - Par Gérard Chargé ( bientôt en ligne)

LE PERE AMABLE

Réalisé par Claude Santelli d’après une nouvelle de Guy de Maupassant – 1975 – 1h37

Son : Claude Bittan – Mixage : N’Guyen Daϊ Hong – Image : Jean-Louis Picavet –

Montage : Jacqueline Aubery – Costumes : Roger Jouan – Décors : Jean Thomen – Musique :

Sonate pour arpeggione et piano de Schubert

Avec : Fernand Ledoux (Le père Amable), Geneviève Fontanel (Céleste),

Jean-Pierre Sentier (Césaire), Diane Kurys (Phénie), Gérard Darrieu (Victor),

Lucien Hubert (Osime), Thomas Tréfouel (l'enfant), Andrée Champeaux

(Adélaïde), Cécile Magnet (Mme Ceres), Paul Bonifas (Vatinol)

Le père Amable ne voit pas d’un bon oeil le mariage de Césaire, son fils unique, avec

Céleste. Le vieil avare refuse en effet d’entretenir l’enfant que celle-ci a eu

auparavant d’un autre homme. Le couple s’installe néanmoins à la ferme et Césaire

travaille d’arrache-pied pour nourrir la maisonnée. L’hiver suivant, sa mort laisse le

vieil homme et sa bru seuls, face à face…

LES CONFESSIONS D’UN ENFANT DE CHOEUR

Écrit et réalisé par Jean L’Hôte d’après son roman – 1977 – 1h29

Image : Christian Pétard – Son : Daniel Leonard – Montage : Catherine Delmas / Catherine

Chouchan – Costumes : Pierre Cadot – Décors : Paul Pélisson – Musique : Vladimir Cosma –

Production : Antenne 2

Avec : Danielle Ajoret (La mère), Maurice Biraud (Le père), Jean-Marc

Thérin (Pierre), Pierre Olaf (L'abbé),

Jacques Legras (L'oncle Auguste)

Au début de la seconde guerre mondiale dans une petite ville de Lorraine,

Pierre, douze ans, fils unique du directeur de l'école communale, occupe sa

solitude tant bien que mal. L'image d'une petite fille entrevue à la messe nourrit

ses premiers rêves sentimentaux. Pour mieux la contempler, il projette de se

faire enfant de choeur, malgré les réticences de son père, laïc convaincu.

Le père Amable est un chef-d’oeuvre d’adaptation. La violence, la sexualité, le conditionnement social, tout

sort directement de Maupassant, tout est, au carat près, magistralement traduit par les images de Santelli.

Mais l’essentiel tient dans le rapport que le metteur en scène a avec son principal acteur, Ledoux. Ledoux, pris

au sommet définitif de son art et dont on ne sait plus du tout s’il est dirigé alors qu’il l’est magistralement. Estil

Ledoux ou le père Amable ? C’est la rencontre miracle entre la personne et le personnage. Le père Amable

reste un des accomplissements majeurs de la Télévision depuis ses débuts.

Marcel Bluwal

Jean L’Hôte, c’est un compromis entre Alphonse Allais et Jacques Tati, un créateur de gags et d’histoires à la

logique saugrenue, le tout coloré par une tendresse toute provinciale. Une exception au cinéma comme à la

télévision entre lesquels il se partagera longtemps. C’est un des hommes qui m’ont le plus fait rire quand il

était assistant à la télévision des débuts.
Les confessions d’un enfant de choeur est à la hauteur de cette

réputation qu’il avait, mélangeant le merveilleux de l’enfance avec l’imbécillité d’un monde adulte imbu de

lui-même. Et c’est en même temps un des derniers témoignages de la liberté qui nous était laissée à cette

époque mythique, dite de « l’ORTF ».

Marcel Bluwal

 

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