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JEAN-CLAUDE NIETO, METTEUR EN SCENE
Après des études théâtrales auprès d’Etienne Decroux et à l’Ecole Lecoq, il joue à l’Ensemble théâtral de Gennevilliers avec Bernard Sobel, au Théâtre du Bout du Monde à Rennes, et au Théâtre de Recherche de Marseille.
Quelques unes de ses mises en scène : Naïves Hirondelles (Paris-TEP, Avignon, Marseille, Lyon, Genève), Gaspard Hauser (Marseille, Alger), Les Femmes Savantes, Othello, Cyrano de Bergerac, Inconnu à cette adresse, 24 h de la vie d’une femme, Le Rêve d’Amérique… Il adapte également et met en scène Regard Blessé - montage de textes de Rabah Belamri - Letras del Sur, spectacle de lecture et de musique latino-américaine, Des mots qui volent comme des oiseaux -lettres de prisonniers pour Amnesty International - Coeurs Itinérants, montage de textes sur le nomadisme accompagné par un duo tzigane. En 2003, il initie le projet Teatro Leído, lectures théâtralisées bilingues français/espagnol, devenu depuis Théâtre et Langues avec l’élargissement du concept à des oeuvres en italien, en arabe et en anglais. En 2004, il monte Le Facteur de Neruda (Aubagne, Vitrolles, Avignon), repris en 2005 à Marseille au Théâtre Gyptis et au Festival off d’Avignon cet été 2007, et en 2006 L’Ecole des femmes, reprise en 2007 au Gyptis.
NOTES D’INTENTIONS DE MISE EN SCENE
Décidément, s’il est ancré dans des contextes éloignés des réalités de notre siècle, ce théâtre dit classique n’en continue pas moins d’interroger notre temps et nous-mêmes : dans « Bérénice », l’une des questions étant celle de la relation de pouvoir et de la relation d’amour. Mais si les questions sont pertinentes, les réponses dans la pièce classique le sont moins. Ce n’est pas le cas dans « Bérénice » (qui aurait pu aussi s’appeler « Titus » puisque le moteur dramatique est essentiellement la conduite fuyante du personnage), la pièce nous conduisant vers une solution qui ne va pas dans le sens de la tradition. Il s’ensuit qu’il y a là un lien à faire entre le passé et notre présent et matière à permettre une approche contemporaine d’une histoire presque mythique : on pourrait dire transformer le regard compatissant qu’on a d’ordinaire pour Bérénice en étant sensible à sa démonstration d’amour. Aussi, tout en respectant fidèlement l’écriture de Racine, nous nous orientons vers une interprétation de la relation Titus/Bérénice et du dilemme amour/pouvoir dans laquelle le personnage de Titus nous intéresse certes en tant qu’empereur mais surtout en tant qu’homme, un homme qui peine à parler son amour ou à dire un possible désamour pour justifier la séparation qu’il impose. La progression dramatique de la pièce, rythmée par la valse d’hésitations et d’esquives de Titus face à la constance claire de Bérénice, nous conduit vers une mise en lumière contemporaine du rapport difficile de l’homme et de la femme dans la passion amoureuse et de leurs disparités de comportement dans la rupture, face au besoin de vérité. Certes, Bérénice est une tragédie de l'amour dans laquelle triomphe le devoir et où la catastrophe n'existe que dans les âmes. Mais pouvons-nous aujourd'hui nous contenter de ce sacrifice de l'amour à la raison d'état ?
Titus ne mettra pas moins de cinq actes pour enfin "parler" une séparation qu'il sait inexorable et qui laissera nos personnages vaincus et épuisés. Bérénice, rompant avec la tradition classique d’une mort envisagée jusque là comme le seul véritable moyen d’être uni à l’être aimé, apparaît comme un personnage dont nous retenons autant le pathétique que le caractère moderne. Bérénice n'appartient pas en propre au 17ème siècle : elle est aussi des siècles à venir qui ont vu la femme poser l'exigence d'une parole vraie et refuser qu’on lui impose ses choix. Nos images Ces réflexions nous conduiront à placer la pièce dans un contexte esthétique, voire historique, proche d’aujourd’hui.
La mise en scène mettra en évidence le mécanisme de la séparation en faisant ressortir les éléments qui renseignent sur les conduites des personnages, intimement dépendantes les unes des autres.
Sur la scène : la rencontre, but de circulations et de tractations invisibles, qui met en présence les trois personnages essentiels, doublés chacun de son confident. Moins le lieu de l’expression, la scène est davantage le lieu de l’explication où l’histoire, faite de dilemmes, cherche à alimenter une problématique de la lucidité … ou de l’incapacité à dire. Lieu donc ouvert en apparence, auquel on accède par des portes qui sont en fait des passages de tentations et de transgressions.
Enfin l’unité de temps : elle sera l’occasion de jouer sur le temps indéfini. Le jour vaudra l’année ou plusieurs années, soit une vie : celle de Bérénice.
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