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BERENICE

Index de l'article
BERENICE
La pièce
le metteur en scène
Toutes les pages

de Racine
mise en scène Jean-Claude Nieto

du 18 au 22 Octobre 2011

Marseille

Théâtre Gyptis

Mise en scène Jean-Claude Nieto
Scénographie, décor Édouard Sarxian
Costumes Katia Duflot
Lumières Bruno Prothon

Avec Jean-Serge Dunet (Paulin, confident de Titus), Rafaël Gimenez (Antiochus), Floriane Jourdain (Bérénice), Magali Lerbey (Phénice, confidente de Bérénice), Gérard Palu (Arsace, confident d’Antiochus), Fabio Ezechiele Sforzini (Titus)

Production Compagnie Nieto [Texte & Projets]
Coproduction Compagnie Chatôt-Vouyoucas / Théâtre Gyptis - Marseille
Coréalisations Théâtre Comoedia - Aubagne & Direction des Affaires Culturelles - Vitrolles

« Bérénice, à vrai dire, n’est pas une tragédie ; il n’y coule que des pleurs et point de sang ».
Théophile Gautier

L’amour contrarié est l’argument principal de la pièce la plus dépouillée de Racine. Il écrivait dans sa préface de 1670 vouloir « faire quelque chose à partir de rien » et créer chez le spectateur « cette tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie ». Bérénice, Titus et Antiochus : des héros, certes, mais avant tout, une femme et deux hommes, pleins d’humanité.

 

INFORMATIONS PRATIQUES
AUTOUR DE LA CREATION : rencontres, débats… mercredi 19 octobre, à l’issue de la représentation : rencontre avec toute l'équipe artistique et Jean-Christophe Cavallin, professeur à l'Université de Provence, auteur d'un essai à paraître : Anctor in Fabula, ou la tragédie spéculative de Racine


LE CALENDRIER du 18 au 22 octobre 2011
Représentations à 20h30 mardi / vendredi / samedi
Représentations à 19h15 mercredi / jeudi


RÉSERVATIONS 04 91 11 00 91
Théâtre Gyptis 136, rue Loubon 13003 Marseille
Toute la saison www.theatregyptis.com


BILLETTERIE EN LIGNE http://gyptis.billetterie-theatre.com/


Pour VENIR au Gyptis Prenez le bus ! (lignes n°31 – 32 – 32b – 33 – 34)
Pour REPARTIR du Gyptis Prenez le Fluobus !
(ligne n°533, arrêt Belle de Mai Loubon ou Place Ca ffo)


Toutes les infos dans le hall du Gyptis
TOUTE l’ACTUALITÉ www.theatregyptis.com/actualites.html
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Crédit photos : Christian DRESSE


L’HISTOIRE
Une « reine » d’histoire.
Vespasien avait reçu le commandement de Néron pour réprimer le soulèvement de Judée. Devenu empereur, il laissa à son fils Titus le soin de terminer cette campagne, d’écraser la révolte juive et de prendre Jérusalem (71 après JC). Bérénice, princesse juive de la famille des Hérode, avait pris parti pour les Romains et pour Titus en particulier. Vespasien donna ordre à Titus de rentrer à Rome, interrompant ainsi la liaison entre les deux amants. Huit ans plus tard, à la mort de Vespasien, Bérénice vint à Rome pour tenter de renouer les liens, mais sans succès.
Quant à Antiochus, il devint roi de Comagène, territoire qui avait été province romaine jusqu’en 38 après JC. Il soutint Vespasien dans la campagne de Judée et participa au siège de Jérusalem au côté de Titus. En 73, la politique romaine changeant à nouveau en Orient, il perdit sa couronne et se retira à Rome.
C’est donc à Rome que Racine réunit les trois héros de la pièce.

LA PIECE - « Choisir, c’est renoncer ». André Gide
« Dans cette tragédie racinienne, plainte à trois voix, il n’y a ni horreur, ni fureur. Pas de violence, pas de sang versé. Que des larmes. Celles de l’amour et du renoncement, celles de l’affrontement entre deux impératifs inconciliables : sentiments et politique. Pas de mort donc, et pourtant... Les choix forcés laissent chacun des protagonistes presque morts et condamnés à passer de la confusion à la peine éternelle. »
Nedjma Van Egmond, journaliste - à propos de la pièce, 2007, www.fluctuat.net


Depuis cinq ans, Bérénice vit à Rome auprès de Titus et attend que celui-ci l’épouse ainsi qu’il avait promis de le faire après le décès de son père Vespasien. Devant les hésitations de Titus, Bérénice ne manque pas d’explications :
le deuil d’un père, la nouvelle charge d’Empereur, la présence même de leur ami commun Antiochus qui vient de lui déclarer un amour ancien et jusque là silencieux. Bérénice est forte de ses convictions de femme aimante : « Titus m’aime : il peut tout ; il n’a plus qu’à parler ». Mais Titus n’épousera pas Bérénice et se séparera d’elle. Le drame de Bérénice est donc celui d’une désillusion suivie d’une résignation, qui voit l’héroïne changer peu à peu.

La pièce raconte comment Bérénice dominera sa douleur en devenant maîtresse d’elle-même. « Je connais mon erreur et vous m’aimez toujours » Quand Bérénice comprendra qu’elle n’a pas été trompée, que son amour a été payé en retour et qu’elle se sait toujours aimée, elle acceptera la séparation définitive.
D’un bout à l’autre de la tragédie, Bérénice reste une amoureuse achevée, tendre, passionnée et surtout désintéressée. Mais est-ce vraiment une tragédie ?


LA FIN DE LA TRAGEDIE
Comment peut-on envisager d’évoquer la fin de la tragédie (que G. Steiner, à qui nous empruntons l’expression, situe à l’époque romantique) à propos de la pièce de Racine ? Si nous nous référons à cette définition d’un poète anglais : « La tragédie doit conter une histoire. Comme vieux livres nous en gardent mémoire. De l’homme au faîte du bonheur. Qui choit du haut de sa grandeur. Et finit en très grand malheur », nous constations que Bérénice n’entre pas dans ce cadre. Dans le tragique, l’élévation puis la chute des Grands incarnaient et mettaient en pleine lumière le drame universel de la « chute de l’homme». Or dans la pièce, aucun des trois héros ne chute vraiment et l’histoire ne finit pas par un très grand malheur. Les forces qui brisent Titus, Bérénice et Antiochus ne les brisent qu’extérieurement et ce, grâce à la sagesse rationnelle de Bérénice. Le « véritable » héros tragique n’aurait pu comprendre ces forces ni les soumettre à la sagesse. Bérénice, elle, le peut et le fait.

LE TEXTE
Comme dans toutes ses pièces, Racine, par son style pur, élégant, intransigeant, demande une attention parfaite et non pas une émotion tumultueuse ou une identification à l’action. Ici, tout se passe à l’intérieur des mots. C’est la parole qui fait naître l’émotion parce que les mots et les phrases s’ordonnent en figures pour construire le discours. Parfois les mots emportent, enferment. C’est le cas de Titus qui glisse sur la pente qui sépare la personne humaine de la cause abstraite ou de la nécessité stratégique du « prince politique ». D’autres fois, comme dans le cas d’Antiochus, les mots servent de leitmotiv et donnent à la pièce son énergie poétique et ses images précieuses: « Madame il vous souvient que mon coeur en ces lieux reçut le premier trait qui partit de vos yeux » Quant à Bérénice, ses mots sont là pour dire que la vérité est accessible par le coeur et pas seulement par la raison. Ils séduisent, nous touchent, ne cherchent pas à nous convaincre.

Crédit photos : Christian DRESSE 



JEAN-CLAUDE NIETO, METTEUR EN SCENE
Après des études théâtrales auprès d’Etienne Decroux et à l’Ecole Lecoq, il joue à l’Ensemble théâtral de Gennevilliers avec Bernard Sobel, au Théâtre du Bout du Monde à Rennes, et au Théâtre de Recherche de Marseille.
Quelques unes de ses mises en scène : Naïves Hirondelles (Paris-TEP, Avignon, Marseille, Lyon, Genève), Gaspard Hauser (Marseille, Alger), Les Femmes Savantes, Othello, Cyrano de Bergerac, Inconnu à cette adresse, 24 h de la vie d’une femme, Le Rêve d’Amérique… Il adapte également et met en scène Regard Blessé - montage de textes de Rabah Belamri - Letras del Sur, spectacle de lecture et de musique latino-américaine, Des mots qui volent comme des oiseaux -lettres de prisonniers pour Amnesty International - Coeurs Itinérants, montage de textes sur le nomadisme accompagné par un duo tzigane. En 2003, il initie le projet Teatro Leído, lectures théâtralisées bilingues français/espagnol, devenu depuis Théâtre et Langues avec l’élargissement du concept à des oeuvres en italien, en arabe et en anglais. En 2004, il monte Le Facteur de Neruda (Aubagne, Vitrolles, Avignon), repris en 2005 à Marseille au Théâtre Gyptis et au Festival off d’Avignon cet été 2007, et en 2006 L’Ecole des femmes, reprise en 2007 au Gyptis.

NOTES D’INTENTIONS DE MISE EN SCENE
Décidément, s’il est ancré dans des contextes éloignés des réalités de notre siècle, ce théâtre dit classique n’en continue pas moins d’interroger notre temps et nous-mêmes : dans « Bérénice », l’une des questions étant celle de la relation de pouvoir et de la relation d’amour. Mais si les questions sont pertinentes, les réponses dans la pièce classique le sont moins. Ce n’est pas le cas dans « Bérénice » (qui aurait pu aussi s’appeler « Titus » puisque le moteur dramatique est essentiellement la conduite fuyante du personnage), la pièce nous conduisant vers une solution qui ne va pas dans le sens de la tradition. Il s’ensuit qu’il y a là un lien à faire entre le passé et notre présent et matière à permettre une approche contemporaine d’une histoire presque mythique : on pourrait dire transformer le regard compatissant qu’on a d’ordinaire pour Bérénice en étant sensible à sa démonstration d’amour. Aussi, tout en respectant fidèlement l’écriture de Racine, nous nous orientons vers une interprétation de la relation Titus/Bérénice et du dilemme amour/pouvoir dans laquelle le personnage de Titus nous intéresse certes en tant qu’empereur mais surtout en tant qu’homme, un homme qui peine à parler son amour ou à dire un possible désamour pour justifier la séparation qu’il impose. La progression dramatique de la pièce, rythmée par la valse d’hésitations et d’esquives de Titus face à la constance claire de Bérénice, nous conduit vers une mise en lumière contemporaine du rapport difficile de l’homme et de la femme dans la passion amoureuse et de leurs disparités de comportement dans la rupture, face au besoin de vérité. Certes, Bérénice est une tragédie de l'amour dans laquelle triomphe le devoir et où la catastrophe n'existe que dans les âmes. Mais pouvons-nous aujourd'hui nous contenter de ce sacrifice de l'amour à la raison d'état ?

Titus ne mettra pas moins de cinq actes pour enfin "parler" une séparation qu'il sait inexorable et qui laissera nos personnages vaincus et épuisés. Bérénice, rompant avec la tradition classique d’une mort envisagée jusque là comme le seul véritable moyen d’être uni à l’être aimé, apparaît comme un personnage dont nous retenons autant le pathétique que le caractère moderne. Bérénice n'appartient pas en propre au 17ème siècle : elle est aussi des siècles à venir qui ont vu la femme poser l'exigence d'une parole vraie et refuser qu’on lui impose ses choix. Nos images Ces réflexions nous conduiront à placer la pièce dans un contexte esthétique, voire historique, proche d’aujourd’hui.
La mise en scène mettra en évidence le mécanisme de la séparation en faisant ressortir les éléments qui renseignent sur les conduites des personnages, intimement dépendantes les unes des autres.
Sur la scène : la rencontre, but de circulations et de tractations invisibles, qui met en présence les trois personnages essentiels, doublés chacun de son confident. Moins le lieu de l’expression, la scène est davantage le lieu de l’explication où l’histoire, faite de dilemmes, cherche à alimenter une problématique de la lucidité … ou de l’incapacité à dire. Lieu donc ouvert en apparence, auquel on accède par des portes qui sont en fait des passages de tentations et de transgressions.
Enfin l’unité de temps : elle sera l’occasion de jouer sur le temps indéfini. Le jour vaudra l’année ou plusieurs années, soit une vie : celle de Bérénice.

 

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