Ciné-Zoom

Synopsis : L'enfance dans les années 50, l'adolescence dans les années 60, les années lycée dans les années 70 et le début de la vie d'adulte dans les années 80. Un film collectif sur la jeunesse, réalisé par quatre jeunes réalisateurs taïwanais.

 

 

 

 

Notre avis : Un film à sketches (il y a 4 moyens métrages), chacun d'entre eux est l'oeuvre d'un cinéaste différent (3 n'ont pas eu de carrière internationale mais le 4ème est Edward Yang, principal mentor avec Hou Hsia Hsien de la nouvelle vague Tawaïnaise), avec un fil conducteur (4 périodes de la vie - enfance, adolescence, premiers émois amoureux et enfin début de la vie de couple)... "La Tête de Petit Dragon" de Tao Te-chen ouvre "In Our Time" par un geste de cinéma à la fois humble et visionnaire : raconter le monde à hauteur d’enfant. Son jeune protagoniste, Hsiao-mao, erre dans un foyer qui le rejette et dans une cour d’école où les camarades ne voient en lui qu’une cible facile. Ce regard enfantin, tendre et lucide, irrigue d’ailleurs l’ensemble du film. Avec "Expectation", Edward Yang s’appuie sur une intrigue d’apparence simple (la naissance du désir chez une adolescente timide et curieuse) et déploie chaque nuance avec délicatesse. Là où certains réalisateurs auraient versé dans le mélodrame, Yang choisit la grâce : un enchaînement de sensations, de regards suspendus et de gestes infimes dont la musique de Du Du-chi prolonge la légèreté presque tactile. "La Grenouille Sauteuse", après l’enfance rêveuse de Tao Te-chen et l’adolescence frémissante d’Edward Yang, vient le temps de la jeunesse qui cherche à s’affirmer. Une période de la vie où l’on tâtonne encore, où l’on parle beaucoup pour masquer ce que l’on ne sait pas encore de soi : le segment le plus bavard et démonstratif. Enfin avec "Dites-moi votre nom", Chang Yi clôt "In Our Time" sur une note de légèreté teintée d’ironie, en suivant un jeune couple fraîchement mariés et tout juste installé dans un nouveau quartier. Ils se retrouvent anonymes aux yeux de tous. Chang Yi à travers ces petites scènes, dresse un portrait malicieux d’un Taïwan urbain en pleine modernisation, où être adulte ne signifie pas forcément être reconnu, ni même être compris. Des réalisations intéressantes, pour découvrir la mentalité d'un pays, à travers l'évolution de la vie... Une curiosité ! Gérard Chargé - 2 Zooms -

 

• 2/THE TERRORIZERS (1986 - Drame, Policier – Couleurs – 109 mn - Taïwan)

 

Titre original : Kong bu fen zi

 

 

 

 

 

• 3/CONFUSION CHEZ CONFUCIUS (1994 - Comédie dramatique – Couleurs – 129 mn - Taïwan)

Synopsis : Dans le Taipei des années 1990, les tribulations d’une bande de jeunes adultes autour de Molly, fille de bonne famille et directrice d’une agence de publicité en difficulté financière. On y croise entre autres Akeem, son riche fiancé totalement immature ; sa sœur présentatrice de télévision en plein divorce avec un célèbre écrivain en proie à une crise existentielle et Qiqi, son assistante personnelle dont la perfection affichée cache de nombreuses failles. Quelques jours vont suffire à remettre en question les aspirations, désirs et croyances de cette galerie de personnages...

 

 

Notre avis : Le philosophe chinois Confucius a foi en l'homme et considère la famille comme la base de la société avec comme règles, le respect des parents et d'autrui, l'amour de la famille. L'homme est un être social, qui se construit avec le temps pour devenir un être noble et avisé, qui doit se tenir physiquement et moralement debout. Le rappel en préambule des préceptes de vie selon Confucius nous renvoie à la richesse matérielle que cette société entend acquérir par tous les moyens. Et je te licencie, et je te retire mon aide, et je ne t’édite plus … On ne comprend pas forcément toujours cette alchimie économique, brouillonne et confuse. Par rapport à cela, différents portraits sont dressés (la femme moderne, le businessman opportuniste, l’artiste égocentrique) pour créer une satire caustique de la jeunesse taïwanaise des années 1990. La dissociation entre les paroles et les actes des personnages renforce cette critique, révélant l’aliénation, l’hypocrisie et la vacuité morale d’une société néolibérale dominée par l’apparence et l’argent, où les enseignements de Confucius semblent vidés de leur substance. Le ton léger utilisé ici cache un regard désenchanté qui est posé sur cette jeunesse obsédée par le statut social, la réussite, et forcément l'argent qui va avec. Des idées, qui personnellement me dépassent et c'est un peu confus pour tout comprendre et assimiler : ce n'est pas si simple ! Gérard Chargé - 2 Zooms -

 

 

 

 

• 4/MAHJONG (1996 - Thriller – Couleurs – 121 mn - Taïwan)

 

 

Synopsis : Marthe, une Française de 18 ans, débarque à Taipei pour retrouver Markus, un architecte d’intérieur anglais dont elle s’était éprise à Londres. Mais l’arrivée inopinée de la jeune femme le met dans l’embarras vis-à-vis de sa nouvelle petite amie, dont la famille a beaucoup investi dans ses affaires. Sans argent et sans connaissance de la ville, Marthe va bientôt être recueillie par une bande de jeunes Taïwanais désœuvrés menée par Red Fish, le fils d’un escroc en fuite. Ce dernier compte bien profiter d’elle pour faire de l’argent facile...

 

Notre avis : Une mise en scène très maîtrisée, que ce soit dans le cadrage et la composition des plans, les mouvements de personnages et d'appareils, les choix de couleurs et de lumières... Le film a le mérite de proposer un casting international où l'on retrouve la française Virgine Ledoyen toute jeune, dans un rôle effacé, dilué mais central dans ce film choral. Elle interprète un personnage candide sur tous les aspects, elle ignore encore qu’elle sera le premier domino, celui qui fait vaciller des équilibres déjà fragiles et, surtout, profondément mensongers. Son arrivée révèle un Taipei où les symboles occidentaux sont incrustés partout : sur les murs, dans les bars, jusque dans les conversations. L’anglais devient une monnaie et un code social. « Un bon endroit pour le business, pas pour les affaires de cœur », dit un personnage. Marthe l’apprend vite : ici, les sentiments ont un prix, et le silence vaut parfois plus qu’une déclaration. Pour le réalisateur, la recherche effrénée de l argent, assimilée au jeu du  Mahjong,  éloigne les personnages de ce qui pourrait faire leur bonheur : des relations saines ou l'amour et la bienveillance seraient les pièces maîtresses. La ville de Taipei est transformée en une immense table de jeu où les tuiles humaines s’entrechoquent, se combinent puis se brisent. Sous les masques du capitalisme triomphant, il dévoile une vérité d’une désarmante simplicité : à force de courir après l’argent, ses personnages ont oublié ce qui ne peut pas être acheté... Un scénario super intéressant, qui est à découvrir avec curiosité ! Gérard Chargé - 2 Zooms -