Ciné-Zoom

Né le 24 janvier  1950 à Alger par hasard, alors que ses parents, comédiens, se produisent dans la ville, où ils résident jusqu'à ses six mois, Daniel Auteuil grandit à Avignon où ses parents, Henri et Yvonne, sont chanteurs lyriques d'opéras et d'opérettes. La fréquentation des théâtres où se produisent ses parents, les tournées notamment avec l'Opéra de Paris le prédisposent à embrasser une carrière artistique. À quatre ans il est déjà sur scène dans le rôle du fils de "Madame Butterfly". Vers l'âge de 7 ans, il vit à Nancy, ville dont il garde beaucoup de souvenirs.

À seize ans André Benedetto qui anime une compagnie à Avignon le fait débuter dans un premier rôle sur scène, une pièce de Tchekhov "La Demande en mariage". Pour faire plaisir à ses parents il commence des études de géomètre et, le samedi soir, pour se faire un peu d'argent de poche, il tient le vestiaire d'une boîte de nuit. En 1969, après avoir fréquenté entre autres le Lycée Philippe de Girard à Avignon, il monte à Paris avec son ami Roger Miremont. Il s'inscrit aux cours d'art dramatique du Cours Florent. Malgré plusieurs tentatives, il ne sera jamais admis au concours d'entrée du Conservatoire national supérieur d'art dramatique.

En 1970, il rencontre Georges Wilson qui lui offre un petit rôle et il fait ses débuts au théâtre national populaire dans "Early Morning" puis joue en 1972 et 1973 dans la comédie musicale américaine "Godspell" aux côtés, notamment, d'Armande Altaï, Dave et Michel Elias. Partenaire au théâtre d'Edwige Feuillère  dans "La folle de Chaillot" et de Maria Pacôme dans "Apprends-moi, Céline", il connaît un triomphe sur les planches au côté de François Périer grâce au "Coup de chapeau" qui lui vaut le prix Gérard-Philipe 1979, décerné au meilleur jeune acteur de l'année. Il monte et interprète ensuite, pour la scène, "Le Garçon d'appartement", que Gérard Lauzier adapte au cinéma en 1982 sous le titre "T'empêches tout le monde de dormir".

En 1974 il fait ses débuts à la télévision sous la direction de Marcel Jullian dans la série "Les Fargeots" avant d'enchaîner aux côtés de Rellys, Jackie Sardou et Fernand Sardou, dans "Adieu Amélie" de Jean-Paul Carrère. En 1977, il interprète le rôle de l'inspecteur Camaret dans une série de six épisodes, "Rendez-vous en noir", d'après le roman de William Irish.

En 1975, Gérard Pirès, qui l'a fait tourner quelques années auparavant dans une publicité pour Mennen, se souvient de lui et lui offre son premier rôle au cinéma dans "L'Agression" aux côtés de Catherine Deneuve et Jean-Louis Trintignant.

Si, à ses débuts, il tient souvent des rôles de voyou -on le remarque en 1978 dans "L'Amour violé" de Yannick Bellon. Mais c'est avec son interprétation d'un lycéen flemmard, dragueur et peu studieux dans "Les Sous-doués"  de Claude Zidi en 1980 qu'il accède à la notoriété et acquiert un statut de grand acteur comique. Le film connaît une suite "Les Sous-doués en vacances".

En 1981, il a une fille, Aurore, avec l'actrice Anne Jousset. En 1984, il rencontre Emmanuelle Béart sur le tournage de "L'Amour en douce". Il chantera d'ailleurs la chanson du générique de ce film; " que la vie me pardonne ". Le disque sortira en 1985, il partagera la vie d'Emmanuelle Béart 11 ans durant. Ils auront une fille, Nelly, née en 1992.

En 1986, il connaît la consécration, aux côtés d'Yves Montand, Gérard Depardieu et Emmanuelle Béart, grâce à son interprétation d'Ugolin dans le diptyque "Jean de Florette" et "Manon des sources" mis en scène par Claude Berri et adapté de l'œuvre de Marcel Pagnol. Sa prestation, qui révèle son talent d'interprète dramatique, lui permet d'être sacré Meilleur acteur à la 12e Cérémonie des Césars.

 

 

Il est dès lors sollicité par les cinéastes les plus prestigieux, collaborant à deux reprises avec Claude  Sautet dans "Quelques jours avec moi"  puis "Un cœur en hiver", dans lequel il donne la réplique à sa compagne d'alors, Emmanuelle Béart. Il tourne aussi pour André Téchiné, qui l'associe à Catherine Deneuve dans "Ma saison préférée" et "Les Voleurs". L'exubérance des premières années laisse dès lors la place à un jeu intériorise d'une grande puissance émotionnelle.  Il enchaine les rôles avec de nombreux réalisateurs, pour  Régis Wargnier dans "Une femme française", Christian Vincent dans "La Séparation" ou encore Jaco Van Dormael , pour Le récit d'une amitié avec un jeune trisomique  dans "Le Huitième Jour" qui lui vaut avec son partenaire Pascal Duquenne la palme d'or Prix d'interprétation masculine au 49e Festival de Cannes.

En 2000, il remporte un nouveau César pour le rôle de Gabor, un lanceur de couteaux amoureux d'une fille mystérieuse et malheureuse jouée par Vanessa Paradis dans "La Fille sur le pont" de Patrice Leconte.

Les metteurs en scène font volontiers appel à ce comédien-caméléon pour incarner des personnages historiques. Il se glisse ainsi dans la peau de l'assassin dandy de la monarchie de juillet "Lacenaire" pour Francis Girod, d'Henri IV pour Patrice Chéreau  dans "La Reine Margot" avec Isabelle Adjani, Le marquis de sade dans "Sade" pour Benoit Jacquot, ou de "Napoléon" de Paolo Virzì. Au milieu des années 90, il obtient les suffrages du public avec "Le Bossu" de Philippe de Broca.

Jusqu'au début des années 2000, il partage la vie de la comédienne Marianne Denicourt avant de rencontrer en 2003 l'artiste-peintre et sculptrice corse Aude Ambroggi, originaire de Bonifacio, où il vit encore aujourd'hui une partie de l'année. Il l'épouse à l'âge de 56 ans le 22 juillet 2006 à Porto-Vecchio avec pour témoins le chanteur Dave et leurs amis Maxime Le Forestier, Christian Clavier et Élie Semoun.

Dans les années 2000, sa carrière est autant marquée par des rôles sombres. La critique salue sa composition de mythomane dans "L'Adversaire" de Nicole Garcia. Il renoues avec le registre comique de ses débuts  dans "Après vous" de Pierre Salvadori, "La Doublure" et  "L'Invité" de Francis Veber et forme avec Depardieu le tandem gagnant du "Placard" puis de du "36 quai des orfèvres" d'Olivier Marchal. Il campe l'alter ego de Claude Berri dans "L'un reste, l'autre part" , avant de reprendre le rôle de Gu, immortalisé par Lino Ventura dans la nouvelle version du "Deuxième souffle". Il tourne avec les auteurs les plus exigeants comme Michael Haneke pour "Caché" et les frère Larrieu avec "Peindre ou faire l'amour" ou encore "La Personne aux deux personnes" de Nicolas et Bruno.

Parallèlement à sa carrière au cinéma, il  aime de temps en temps faire un tour sur les planches : en 2008, il tient un des rôles principaux de "L’Ecole des femmes" de Molière, mise en scène par Jean-Pierre Vincent. Après une pause douce-amère dans "Dialogue avec mon jardinier" de Jean Becker, il retrouve Olivier Marchal pour le sombre polar "MR 73", où il incarne un flic alcoolique et dépressif.  Il est ensuite un père malgré lui dans "15 ans et demi", une comédie de François Desagnat et Thomas Sorriaux, puis un homme d’affaires hanté par l’esprit d’un chanteur has been dans "La Personne aux deux personnes" de Nicolas et Bruno.

Daniel Auteuil est reconnu comme l'un des meilleurs acteurs du cinéma français. Le 26 septembre 2009 naît son troisième enfant et premier fils Zachary, de son mariage avec Aude Ambroggi. En Décembre, il est le parrain  du téléthon 2009. Il joue un "quinqua" brisé par une ancienne rupture amoureuse dans "Je l'aimais" de Zabou Breitman avec Marie-Josée Croze. Il devient ensuite un assassin malgré lui dans "Donnant, Donnant" d'Isabelle Mergault.

Au début 2010, il se tourne vers la réalisation en passant derrière la caméra pour son premier long-métrage, "La Fille du puisatier" avec Sabine Azéma, Kad Merad, Jean-Pierre Darroussin et Nicolas Duvauchelle. Le cours Florent lui rend honneur en baptisant une salle de théâtre à son nom. En 2011, il interprète un patron confronté aux choix douloureux que lui impose la crise dans "La Mer à Boire" de Jacques Maillot.

En 2012, il tente de coincer Mathieu Kassovitz dans le thriller de Michele Placido,"Le Guetteur". L'année suivante, il incarne le père de Guillaume Canet dans le biopic "Jappeloup".

En 2013 il réalise lui-même l'adaptation des romans de Marcel Pagnol "Marius", "Fanny" et "César". La même année. En mai, il est membre du jury du 66e Festival de Cannes, présidé par Steven Spielberg.