Notre avis : Un des derniers films muets d'Ozu et l'un des plus remarquables, qui dépeint la vie des gosses au début des années 30 dans la banlieue de Tokyo. Un film noir bien que le début soit axé sur la comédie, qui traite de la condition humaine, de la transmission d’une génération à l’autre et surtout de la transmission parentale, de l’exemplarité. Un constat social à hauteur d'enfants, avec un arrière plan social explicite et universel. Une manière subtile de montrer la question des classes sociales, de l'injustice, par le biais du regard de ces deux jeunes garçons. Le jeu des personnages (surtout des enfants) est très expressif : ce conflit générationnel bénéficie aussi d'une jolie photographie en noir et blanc, ainsi que de très bons comédiens, que ce soit le père ou évidemment les deux enfants, qui ne tombent jamais dans le piège des interprétations théâtrales qu'offre parfois le muet. On peut remarquer, en discret filigrane, la militarisation du Japon des années 1930 (uniformes, ambitions militaires, marche au pas...), qui allait à la catastrophe que l'on connaît de 39/45. A découvrir ! Gérard Chargé - 3 Zooms -
Dans une ville de la banlieue de Tokyo, la vie suit tranquillement son cours : les mères de famille s’occupent de leur intérieur tout en jalousant celui des autres, les pères se croisent au café du coin et s’inquiètent de leur retraite à venir, tandis que les fils passent leur temps à regarder la télévision chez un voisin jugé trop excentrique. Un soir, les jeunes Minaru et Isamu pressent leurs parents pour avoir leur propre poste de télévision, en vain : l’aîné se met alors en colère face à l’hypocrisie des adultes et décide de faire une grève de la parole, aussitôt suivi par son jeune frère…
Notre avis : Ozu modifie légèrement le scénario original de "Gosses de Tokyo", en le modernisant par rapport à l'arrivée des postes de télévision (que l’on soulève déjà en 1959 des questions sur les effets abrutissants de la télévision est étonnant) dans les foyers à la fin des années 1950 et en fait son intrigue principale pour garder l'essence du film original de 1932, mais avec moins d'impact, bien que le côté social soit toujours aussi présent, mais moins percutant... par le commérage de voisinage (en même temps la société reste assez traditionnelle, les femmes ne travaillent pas, s'occupent de leur maison et médisent sur les autres femmes du patté de maisons). Ici, la grève de la faim est remplacée par la grève de la parole. Les pets à répétition pratiqués par les enfants sont repris tout au long du film, mais deviennent lassants à la longue. L'apport de la couleur dresse un portrait familial moins noir et plus amusant que le film initial. Les acteurs qui interprètent les enfants sont tout savoureux, surtout celui qui incarne le plus jeune des deux frères. On y retrouve des acteurs familiers à Ozu : Chishu Ryu dans le rôle du père, Kuniko Miyake dans celui de la mère. Les plans sont millimétrés, filmés au ras du tatami dans lequel les plans s'enchâssent les uns dans les autres, chaque plan est comme une toile... "Bonjour" est une comédie légère d’une grande simplicité (simple comme Bonjour) tout en montrant la complexité des comportements dû à la promiscuité de ces "gens". Gérard Chargé - 2 Zooms -