A propos : Poétique et mystique, "La Passion selon Béatrice" dévoile une Béatrice Dalle inattendue, douée d’un humour souvent ravageur autant qu’à fleur de peau, partie sillonner l’Italie sur les traces de Pier Paolo Pasolini : de Bologne à Ginosa en passant par Rome, Castel del Monte ou la tristement célèbre plage d’Ostie où le réalisateur eut « rendez-vous avec la mort » la nuit du 1er au 2 novembre 1975, à l’âge de 53 ans. Tour à tour fillette blessée et ogresse hilare, icône destroy et poétesse jusqu’au-boutiste de cette « vie dangereuse » qu’évoque avec elle le réalisateur Abel Ferrara, Béatrice Dalle se livre par le biais de ses échanges avec Clément Roussier sur sa passion pour la poésie. Celle de Pasolini, de Genet ou de Céline : une poésie vécue, intense et rugueuse. Retrouvant les lieux de tournage et croisant d’anciens collaborateurs du cinéaste, le réalisateur belge Fabrice du Welz ("Calvaire", "Adoration") livre à travers ce documentaire hybride, hors des cadres communs, un double portrait attentif et passionné, témoignage d’un cinéma à la fois sophistiqué et authentique, débordant de vitalité.
Scénario : Fabrice Du Welz et Clément Roussier
Près de 50 ans après son assassinat sur une plage d’Ostie, Pier Paolo Pasolini reste l’un des cinéastes les plus controversés qui aient jamais existé, mais également l’un des plus fascinants. Homme aux multiples talents, à la fois réalisateur, écrivain, journaliste, peintre, acteur et figure intellectuelle, Pasolini a exprimé de nouvelles formes philosophiques, sociales et artistiques à travers son art, suscitant aussi bien fascination que rejet à son égard. Connu pour son engagement fortement ancré à gauche mais refusant toute récupération politique, Pasolini n’a eu de cesse de témoigner des transformations de la société italienne de l’après-guerre. Son œuvre suscita souvent de fortes polémiques et provoqua des débats à cause de la radicalité de ses convictions, très critiques envers la bourgeoisie et la société consumériste émergente. Bien avant les œuvres scandaleuses et mythiques des années 1970 (la célèbre « Trilogie de la vie », "Salò ou les 120 jours de Sodome"), Pasolini a connu une décennie de création cinématographique intense, s’essayant avec brio à tous les genres : néoréalisme ("Accattone", "Mamma", "Roma"), documentaire ("Enquête sur la sexualité), farce politique ("Des oiseaux petits et gros"), fable corrosive ("Théorème") ou relecture des grands mythes ("L’Évangile selon Saint Matthieu", "Œdipe Roi", "Médée"). D’une richesse inépuisable, l’œuvre de Pasolini continue d’inspirer des générations d’artistes, d’intellectuels et d’apprentis poètes du monde entier.

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