Ciné-Zoom

La guerre s'achève, les tortionnaires, les tueurs d'hier sont amnistiés par le gouvernement, Mais qu'en est-il des victimes, de leurs proches ? Qui se soucie d'eux, qui prendra en compte leur douleur ? Pour Atim et son grand-père, les comptes ne sont pas soldés. Le vieil aveugle remet à l'enfant de 16 ans une arme pour que justice soit faite. Le voilà donc parti à la ville pour retrouver l'assassin, Nassara, et venger son père. En cherchant à connaître sa cible, cet homme qui l'a privé d'un père, Atim s'aperçoit qu'être un tueur n'est pas si simple. Que la vengeance est une chose bien plus complexe. Pour accomplir plus facilement sa mission, il se fait embaucher par le boulanger. Au fil des jours, un étrange lien se tisse entre l'assassin et le bourreau justicier. Atim découvrant une image paternelle qui lui manque dans cet ex-tortionnaire. Et ce dernier trouvant dans l'enfant un fils potentiel, au point de lui demander l'adoption. Le réalisateur, dans une mise en scène simple, frôlant le documentaire, explore d'autres facettes d'un thème assez commun. En choisissant une version de la vengeance proche de la réalité, il est plus proche de ce que chacun de nous accomplirait. Ainsi, l'acte de prendre une vie n'est jamais une chose simple .Nous ne sommes pas tous des tueurs, même par vengeance. Après, vient le travail sur la filiation, l'héritage paternel. Les valeurs de la famille ne peuvent redevenir saines qu'avec la mort de celui qui brisa la chaîne. En tuant le père, inconsciemment, Nassara se prépare à le remplacer. Image du père passeur de vie, transmetteur du savoir. Caron aidant à franchir le fleuve de vie pour gagner l'autre rive, riche d'un nouveau savoir. Avec un prix du jury à la Mostra de Venise largement mérité, c'est un deuxième film complètement maîtrisé. Saleh Haroun s'affirme comme une valeur sûre du cinéma africain.