Ciné-Zoom

C'est un soir comme les autres, le show se déroulera sans anicroche, chacun est à sa place, pour que commence le spectacle. Des vieux routards confirmés, les habitués, la jeune nouvelle qui tremble, car c'est son premier show. Ils ignorent que dans l'ombre, le nouvel investisseur de la station, un riche Texan, a décidé que cette fois, c'est bel et bien fini, the last show. La partie commence, le présentateur, comme à son habitude, lance le jeu qui durera le temps d'une dernière émission. Défileront toute une galerie de personnages hauts en couleur représentant le Midwest profond, le Vieil ouest des chansons de country. Dusty et Lefty, deux cow-boys quittant pour un temps la vieille prairie pour venir chanter, raconter des blagues parfois limites ou qui ne font rire qu'eux. Les Sisters Johnson, dont il ne reste que Yolanda et Rhonda, qui mélangent leur histoire et celles de leurs chansons. Elles sont comme une seule et même voix, quand l'une commence l'autre finit la conversation ou la relance. Et la fille de Yolanda, qui ce soir interprétera, si elle s'en souvient, sa première chanson, autre rythme, autre temps. N'oublions pas le maître de cérémonie, GK, présentateur, scénariste de l'émission, qui donne la cadence, le pas de la danse. Le show est de temps en temps entrecoupé de pubs, avec un goût des temps anciens et d'ironie d'un monde désuet qui ne serait plus. Il ne faudrait pas oublier les techniciens, machinistes, orchestre, et bruiteurs qui donnent la couleur, la tonalité à l'émission. Pendant le show, le responsable de la sécurité, un privé à la Chandler, nous sert de lien pour passer de la scène aux coulisses. Enfin cette jolie blonde, un ange venu accompagner un mourant, le show ou un de ses protagonistes ?

Etonnant comment un film peut relever de phénomènes que nous ne maitrisons pas, comme si Altman savait qu'il serait le dernier. Et sans doute, pour cela, restera-t-il comme un film culte comme « Mash » ou la filmographie d'Altman en général. Etonnant les parallèles que l'on peut tracer, d'abord le lieu, comme GK, le réalisateur (né à Kansas City) est du Midwest. Après avoir longtemps, donc, parcouru les routes, le voilà de retour chez lui pour le dernier souffle. Les thèmes qu'il aborde dans le film pourraient se retrouver dans sa filmographie : le Vieil Ouest tranquille qu'il aura souvent mis en scène, bousculant les codes comme avec « Buffalo Bill et les Indiens », « John McCabe ». Le polar avec « Le privé » sur un scénario notamment de Faulkner (romancier, scénariste) où il met en scène Philippe Marlowe. La musique, que ce soit la country avec « Nashville » ou le jazz avec « Kansas City ». On pourrait ainsi étirer la liste au monde des requins du spectacle avec « The player » et tous ses films chorals où il croquait avec délice, ironie et justesse une ville « Short Cuts » , la mode « Prêt à porter » l'armée et plus particulièrement une équipe médicale avec « Mash » Palme d'or en 70. Avec ce dernier film, Altman ne fait pas que revisiter une émission de radio, c'est toute son œuvre qu'il parcourt comme un dernier regard à ce qui fut et sera. Vue sous cet angle, la fin devient tout à coup une grande leçon de vie. De plus, l'un des personnages que vous découvrirez en allant voir le film est peut-être lui. Enfin, l'ange est aussi bien venu pour cette émission que pour guider Altman vers sa dernière demeure.