Zoom Coup de Pouce
Sortie : le 5 Décembre 2012
VU - 3 Zooms

Sofiia Manousha
Ecrit et réalisé par Jacques Bral
Avec Sofiia Manousha…
Drame – 1h28 -
Rencontre Ciné-Zoom Photos et Interviews avec les comédiens au Cinéma Variétés à Marseille.
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Distributeur : Thunder Films International
Musique originale de Nathaniel Méchaly

Sofiia Manousha
L'histoire : Une famille orientale émigrée, en Europe. Moncef, le père, porte en lui la souffrance du déracinement et le poids de « l’ailleurs ». Sauvegarder sa culture, vivre dans le respect des traditions, c’est pour lui, plus qu’une règle de vie, une manière de rester fidèle à son passé, à son origine et surtout … à lui-même.
Chaque matin, Cobra, sa fille, quitte la maison familiale. Voilée. Mais chaque matin, elle se change, dans un café, son refuge à elle ; avant de se rendre à son travail, la chevelure et l’esprit libres. A la maison, Moncef est inquiet : Cobra est encore célibataire et il voudrait bien la marier au plus tôt. Dans l’entreprise où Cobra travaille, le jeune patron est tombé amoureux d’elle. Il est prêt à tout pour l’épouser. Mais Cobra, elle, veut choisir, comme sa mère l’avait fait en son temps avec son père. Elle n’aura pas le temps de présenter « l’homme de sa vie » à ses parents. Un ami de son père les surprend. Dans le café…

Julien Baumgartner
Rencontre Ciné-Zoom Photos et Interviews avec Sofiia Manousha, Julien Baumgartner, Souad Amidou et Lounès Tazairt, au Cinéma Variétés à Marseille.

Sofiia Manousha

Julien Baumgartner
Julien Baumgartner "On parle très souvent de ce sujet dans les médias, mais on en parle très mal, un peu comme de la ville de Marseille, on s'imagine en y débarquant que c'est le Texas. Il y a des problèmes surement, mais ailleurs aussi... C'est traité, un peu comme quand on parle des musulmans, on stigmatise beaucoup, on s'imagine que..., on nous fait croire que...mais il y a beaucoup d'amour et de positivité dans tout ça aussi. Il y a des gens biens partout, en grande majorité. Je pense qu'on parle mal de tout ! Jacques Bral à travers ce film qui est une tragédie (quelque part comme les tragédies grecques où ce sont les Dieux qui dirigeaient), nous montre des personnages qui subissent des choses beaucoup plus proches de nous, mais cela pourrait être n'importe quelle famille ethnique. Il pose un regard très simple et beau, comme le film est et comme les tragédies antiques. Ce qui peut se passer, se passe aussi dans d'autres communautés. Tous les personnages de son film sont positifs, il porte de l'amour sur eux, même sur le père qui est dépassé par les traditions (par une chose qu'il n'a jamais comprise et qu'il n'a jamais cherché à comprendre), sans porter de jugement négatif sur lui. Mon personnage se fout de la religion, il aime cette fille musulmane, il dit à son père qu'elle est orientale et pour lui, cela ne lui pose aucun souci de la présenter de cette façon et nous nous sommes quoi finalement : occidentaux. C'est un peu comme dans une fable et ça pourrait se passer partout. Je pense qu'il faudrait vivre dans une société libre de tout jugement, de tout communautarisme, de toute religion et soyons heureux, laïques républicains ou autres, mais soyons ouverts. C'est un film qui nous fait voir que la liberté est possible peut être, mais il ne faut pas qu'elle passe par le crime, mais par la liberté, l'amour et l'acceptation de l'autre."

Souad Amidou
Souad Amidou "Ce film, c'est le regard de Jacques Bral, qui est d'origine iranienne et qui a vu comment les femmes sont traitées là-bas. Il a vu le monde changer : il était là-bas au moment du Shah d'Iran. Il a vu la révolution iranienne et est venu en France après. Il a vu la femme se transformer, passer d'une femme comme nous dans les rues ici en France, qui se sont recouvertes d'un seul coup d'un voile noir. Son point de vue sur ce voile noir, sur les femmes, m'a intéressé fortement. Il sait ce qu'il y a sous le voile. Il voulait poser la question de savoir : qui est derrière ce voile ? Et à travers ce symbole, qu'est-ce qu'il y a et qu'est-ce qui est en train de se passer en occident. Il parle d'une jeune femme d'origine musulmane en montrant ce qui se passe derrière ce voile : moi qui suit d'origine musulmane, j'ai été touchée par cette histoire. Il ne prend pas partie, il ne dénonce pas, il regarde. Il ne nous embarque pas dans les clichés. J'ai été déstabilisée à la lecture du scénario, c'est une façon rare de traiter le sujet. Montrer ce qu'il y a en dessous du voile, c'est gonflé ! Pour moi, c'est une comédie tragique, avec une vision poétique, à voir comme un poème onirique. C'est un questionnement et un sujet de discussion pour les jeunes qui sont aujourd'hui plus tiraillés entre leur culture d'origine et leur vie en France, que nous lorsque nous, nous étions jeunes. En 1980, mon premier film comme comédienne - tourné à Marseille par Francis Girod : "Le grand frère", avec Gérard Depardieu -parlait de cela, de l'émigration des gens issus du maghreb et de sa problématique à l'époque. A ce moment-là, pour la jeune actrice que j'étais (originaire du Maroc et à moitié corse), cela a été facile pour me glisser dans le créneau du cinéma. Je me voyais comme une actrice et en plus, je parlais moins bien l'arabe qu'aujourd'hui. Aujourd'hui, c'est plus difficile, on ne me propose que des rôles ethniques... Pour revenir à cette mère que j'interprète ici, elle ce que dit son mari, doit suivre quand même et fait et amène des choses, en cachette avec ses enfants. Les femmes sont toujours à l'avant-garde et amène les choses en douceur et en biaisant à leur maris. Les jeunes d'aujourd'hui, expriment leur radicalisme, en se voilant plus que leurs parents. C'est une révolte et un repli communautaire. Le cinéma entre autres est un vecteur et un témoin de comment vivent les gens. Ce film est une photo de la France d'aujourd'hui, c'est un film qui suscite le questionnement. C'est une observation et non une attaque !"

Lounes Tazairt
Photos et propos recueillis par Gérard Chargé.
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